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Photo du rédacteurJessica Bayard

Les différences saisonnières chez les végétaux

Dernière mise à jour : 3 mars 2022

Au Québec, les conditions environnementales diffèrent tellement d’une saison à l’autre que les espèces qui peuplent nos milieux naturels ont dû développer des stratégies pour y survivre.

Si les animaux peuvent se mettre à l’abri dans une tanière, s’équiper d’une épaisse couche de graisse ou encore migrer vers des contrées plus chaudes, il en est bien différent pour les végétaux.
Voyons cela de plus près.

 

Plantes herbacées


Les végétaux qu’on qualifie de plantes herbacées ont l’apparence typique qu’on s’imagine d’une plante : elles ont des racines, une tige souple (non faite de bois) et des feuilles. Les herbacées incluent les plantes à fleurs et les plantes à spores (fougères, prêles et lycopodes), mais excluent les algues unicellulaires, les mousses, les arbres, les arbustes et les arbrisseaux.


En période hivernale, les plantes herbacées sont exclues du paysage québécois. Les tissus mous et fragiles de ces végétaux ne survivent pas au gel, c’est ainsi que leur tige et leurs feuilles meurent. Outre les parties aériennes mortes de certaines grandes espèces comme les quenouilles ou les verges d’or, on ne peut voir ces plantes en hiver. Ce n’est donc pas la saison pour faire de l’identification d’herbacées !


Verge d’or : Jessica Bayard, D0
Quenouilles : Jessica Bayard, D0
Carex : Jessica Bayard, D0



Mais comment reviennent-elles au printemps si elles ne survivent pas à l’hiver ? Il y a deux stratégies pour assurer la pérennité des plantes herbacées : certaines espèces sont dites annuelles, alors que d’autres sont dites vivaces.


Les plantes annuelles complètent leur cycle de vie en une seule saison, c’est-à-dire qu’elles germent, croissent, fleurissent, produisent des graines et meurent. Au printemps suivant, les graines germeront et ce sera une nouvelle génération de plantes qui verra le jour.


Vergerette annuelle : Thomas Cizaukas, CC BY-NC-ND 2.0
Impatiente du Cap : Ed Ogle, CC BY-SA 2.0
Concombre grimpant : David takes photos_CC BY-NC 2.0


Chez les vivaces toutefois, la plante ne meurt pas entièrement : seules ses parties aériennes (hors sol) fanent, mais ses racines demeurent bien vivantes. Au printemps suivant, une nouvelle tige sortira de terre à partir des racines.


Asclépiade commune : Fritz Flohr Reynolds, CC BY-NC 2.0
Iris versicolore : Under the same moon, CC BY 2.0
Actée rouge : Dan Mullen, CC BY-NC-ND 2.0


Lorsque la saison végétative commence au printemps, les différentes espèces d’herbacées entament leur croissance. Certaines misent sur la croissance de la tige, alors que d’autres préfèrent se concentrer sur la floraison. Il existe même des plantes que l’on peut seulement apercevoir au printemps dans les forêts de feuillus : il s’agit des plantes printanières, ou plantes éphémères. Généralement, ces plantes vivent longtemps, fleurissent pour la première fois après plusieurs années et restent vivantes dans le sol la grande majorité de leur vie. Ces petits végétaux simples présentent des structures aériennes (tige, feuilles, fleur) que quelques semaines, avant que les arbres se parent de leur feuillage et empêchent la lumière d’atteindre le sol forestier. Plusieurs plantes printanières figurent sur la liste des espèces à statut précaire, préservons-les.


Érythrone d’Amérique : Jessica Bayard, D0
Sanguinaire du Canada : Jessica Bayard, D0
Uvulaire à grandes fleurs : Jessica Bayard, D0
Trille blanc : Jessica Bayard, D0


À l’inverse, certaines espèces fleurissent vers la fin de l’été, après avoir profité de plusieurs semaines de croissance. Les herbacées ci-dessous fleurissent du mois d’août au mois d’octobre habituellement. Bien sûr, la période de floraison varie selon la région : au sud du Québec, la saison végétative commence plus tôt que dans l’est ou le nord de la province.


Aster lancéolé : Dan Mullen, CC BY-NC-ND 2.0
Aster de la Nouvelle-Angleterre : Under the same moon, CC BY 2.0
Bident penché : Lisa King, CC BY 2.0


Ainsi, si l’on souhaite apprécier la beauté d’une espèce végétale, il faut retourner la voir plusieurs fois dans la saison, car elle change chaque semaine ! On peut observer ses bourgeons, ses fleurs et plus tard, ses fruits.


L’exemple le plus flagrant d’une plante qui n’a jamais le même aspect est le symplocarpe fétide, aussi nommé chou puant. Si l’on souhaite observer les différentes parties de la plante, il faudra faire plusieurs sorties terrain, car la fleur, les feuilles et le fruit ne sont pas visibles au même moment. L’étrange fleur nauséabonde apparaît très tôt au printemps, puis elle est remplacée par de grosses feuilles, et c’est seulement lorsque ces dernières disparaissent qu’on peut voir le fruit, tout aussi singulier.


Symplocarpe fétide — Fleur : NatureServe, CC BY-SA 2.0
Symplocarpe fétide — Feuilles : Katja Schulz, CC BY 2.0
Symplocarpe fétide — Fruit : Kriss de Niort, D0


Arbres, arbustes et arbrisseaux


Les arbres, les arbustes et les arbrisseaux ont une caractéristique commune, celle de contenir du bois. Le bois sert de tissu de structure à ces végétaux. Il est principalement composé de cellulose et de lignine. Par ailleurs, le terme ligneux est l’adjectif relatif au bois : on dit que les végétaux contenant du bois (arbres, arbustes et arbrisseaux) sont des plantes ligneuses.


Un arbre est une grande plante ligneuse pouvant atteindre plusieurs mètres de haut dont la tige se divise à partir d’une certaine hauteur par rapport au sol. En guise d’exemple, l’érable à sucre est un arbre. Un arbuste, quant à lui, ne dépasse habituellement pas 5 mètres de haut. L’amélanchier du Canada est un bon exemple d’arbuste. Enfin, un arbrisseau est une plante ligneuse dont la tige se ramifie dès la base, il n’a donc pas de tige principale. L’if du Canada convient parfaitement à la définition d’arbrisseau.


Arbre : Tim Evanson, CC BY-SA 2.0
Arbuste : Babij, CC BY-SA 2.0
Arbrisseau : Charles Peterson, CC-BY-NC-ND 2.0


Les plantes ligneuses se divisent en feuillus et en conifères. Les feuillus portent des feuilles souples qui tombent à l’automne. Le bouleau, le chêne et l’orme sont des feuillus. Les conifères, quant à eux, ont des feuilles en forme d’aiguilles dans le cas du sapin et du pin, ou en forme d’écailles comme chez le thuya (« cèdre »). Sauf exception, les conifères conservent leurs feuilles en hiver.



Feuillu — Feuilles souples : Jessica Bayard, D0
Conifère — Feuilles en aiguilles : Jessica Bayard, D0
Conifère — Feuilles en écailles : Jessica Bayard, D0


À l’inverse des plantes herbacées, dont les parties aériennes meurent en hiver, les tiges et rameaux des arbres, des arbustes et des arbrisseaux sont persistants. Ainsi, il nous est possible de les observer en hiver. Il faut faire attention toutefois, car les petites tiges sont bien vivantes sous la neige : on risque de les endommager sans le savoir en marchant hors des sentiers. Prudence !


La photo ci-bas permet d’apprécier la contribution des plantes ligneuses au paysage hivernal.


Plantes ligneuses en hiver
Plantes ligneuses en hiver : Jessica Bayard, D0

L’identification des feuillus est possible en toute saison, mais présente des défis à certaines périodes de l’année.


L’été est la saison la plus simple pour l’identification, car les feuilles sont de grosses structures faciles à observer. Toutefois, les branches les plus basses des arbres poussant en forêt sont souvent hautes, et avoir accès aux feuilles n’est pas une mince affaire. L’utilisation de jumelles peut donc s’avérer utile dans ce cas. La loupe, quant à elle, est très pratique pour observer de petits détails, comme la présence de poils sur les nervures par exemple.


Rameaux et feuilles d’érables à sucre
Rameaux et feuilles d’érables à sucre : Katja Schulz, CC BY 2.0

Au Québec, le spectacle que nous réserve l’automne est tout simplement renversant. Avec les températures plus froides et la photopériode plus courte (moins d’heures d’ensoleillement chaque jour), les feuilles commencent à dépérir. La chlorophylle, pigment vert si important dans le processus de photosynthèse, se dégrade en premier, laissant peu à peu la place aux autres pigments. C’est pourquoi on voit apparaître des tons de jaune, d’orangé et de rouge sur les feuilles. Ce ne sont pas toutes les feuilles qui deviennent la même couleur : si les bouleaux et les peupliers se limitent au jaune, les érables et les chênes virent au rouge. Même si elles changent de couleur, on peut encore identifier les feuilles, ou, si elles sont déjà tombées, regarder au sol sous l’arbre. Dans une forêt diversifiée, il y a naturellement plus de risque d’identifier une feuille provenant d’un autre arbre, mais selon l’objectif, l’exercice demeure intéressant. Saviez-vous que les bourgeons sont déjà présents en automne ? Contrairement à la croyance populaire, les bourgeons ne poussent pas au printemps, ils débourrent. Les bourgeons sont déjà visibles sur les rameaux en automne, mais parfois, ils sont cachés sous le pétiole (« tige ») de la feuille en place : il faut donc attendre qu’elle tombe pour voir apparaître le bourgeon. C’est notamment le cas chez le sumac vinaigrier.


Feuilles de caryer cordiforme en automne : Jessica Bayard, D0
Feuilles d’érable rouge en automne : Katja Schulz, D0
Sol de forêt de feuillus en automne : Jessica Bayard, D0


Bien que cela puisse paraître surprenant, l’hiver n’est pas la période la plus difficile pour identifier les arbres. Sans les feuilles, il est vrai que l’identification est bien plus ardue toutefois. Il faut alors s’en remettre à l’identification des bourgeons, présents au bout des rameaux. Pour cela, il faut un bon livre ou une clé d’identification, et dans ce cas, la loupe botanique est indispensable. L’identification des bourgeons repose sur de petits détails, comme le nombre d’écailles et la présence de cicatrices vasculaires (ouverture des vaisseaux alimentant la feuille), c’est pourquoi il faut une loupe qui a un grossissement intéressant. En toute saison, on peut identifier les arbres par leur écorce, mais c’est particulièrement pertinent en hiver. Toutefois, différencier certaines espèces peut être pratiquement impossible (comme les peupliers), alors que chez d’autres, un coup d’œil à l’écorce suffit à reconnaître l’espèce (comme le bouleau jaune).


Bourgeons de noyer cendré : Kant McFarland, CC BY-NC 2.0
Bourgeons de hêtre à grandes feuilles : Plant Image Library, CC BY-SA 2.0
Écorce de cerisier tardif : Jessica Bayard, D0
Écorce de bouleau à papier : Jessica Bayard, D0


Au printemps, l’identification des feuillus est loin d’être facile, du moins, pendant la période avant que les feuilles n’apparaissent. Tant que les bourgeons sont fermés, ça va, mais dès qu’ils commencent à ouvrir, les choses se compliquent. À ce moment, on ne peut plus reconnaître ni le bourgeon, en cours d’éclosion, ni la feuille, qui n’est encore qu’une structure toute pliée et méconnaissable. Pendant la période de débourrement des bourgeons, il faut s’en tenir à observer l’écorce de l’arbre. Pas facile !


Débourrement de l’orme d’Amérique : Salicyna, CC BY-SA 4.0
Débourrement de l’érable à épis : Jessica Bayard, D0
Jeunes feuilles de peuplier baumier : Jessica Bayard, D0


Outre les feuilles et les bourgeons, les fleurs et les fruits peuvent être très utiles pour connaître l’identité d’un arbre, d’un arbuste ou d’un arbrisseau. Certaines plantes ligneuses fleurissent au printemps, avant même que les feuilles ne sortent, alors que d’autres produisent leurs fleurs plutôt en été. Idem pour les fruits : la période pendant laquelle ils sont visibles varie selon les espèces. Même en hiver, on peut avoir la surprise de trouver des fruits encore accrochés aux branches, il suffit d’ouvrir l’œil !


Fruits de sumac vinaigrier en hiver : Jessica Bayard, D0
Chatons (fleurs) de saule au printemps : Jessica Bayard, D0
Fruits de vigne de rivage en automne : Jessica Bayard, D0


Les conifères ne changent pas de manière aussi spectaculaire que les feuillus à travers les saisons. Contrairement à ces derniers, les feuilles en forme d’aiguilles ou d’écailles des conifères sont persistantes, donc elles ne tombent pas à l’automne. Leur morphologie est spécialement conçue pour éviter les pertes d’eau par transpiration, ce qui est important en hiver alors qu’il est impossible de puiser l’eau dans le sol : elles sont étroites, épaisses et cireuses. Cela les aide également à ne pas geler. Pour terminer, la forme des aiguilles et des feuilles squamiformes (en forme d’écailles) permet difficilement à la neige de s’y accumuler, évitant aux branches de casser sous son poids. L’identification des conifères est donc aisée toute l’année !

Épinette blanche : Allen McGregory, CC BY 2.0
If du Canada : Jessica Bayard, D0
Aiguilles de pin rouge : Jessica Bayard, D0


Cependant, comme bien souvent, une exception vient confirmer la règle : le mélèze laricin est un conifère à feuillage caduc. Cela signifie que comme les feuillus, il se dépouille de ses feuilles à l’automne. Avant de tomber, les fines aiguilles du mélèze virent au jaune. Si, en automne, vous observez un tas de conifères jaunes, il est fort probablement qu’il s’agisse d’un mélézin, autrement dit un peuplement (forêt) de mélèzes laricins. On peut reconnaître cet arbre en hiver grâce aux petites boules ou bâtonnets qui portent les bourgeons d’où sortent les aiguilles, ainsi qu’à ses cônes qui ressemblent à de petites fleurs en bois une fois ouvertes.


Mélèzes laricins en automne : Spycup, 2,0
Rameaux de mélèze laricin en hiver : Jessica Bayard, D0
Cônes de mélèze laricin en hiver : Brett Whaley, CC BY-NC 2.0
Mélèze laricin en hiver : Eli Sagor, CC BY-SA 2.0


Mousses


Les bryophytes, communément appelées mousses, sont les plus anciennes plantes terrestres. Elles sont apparues avant les dinosaures et foisonnent encore aujourd’hui. Contrairement aux végétaux supérieurs, les bryophytes ne possèdent ni racines ni vaisseaux pour transporter la sève dans leur organisme. Si elles poussent généralement dans les habitats humides, c’est parce qu’ils absorbent l’eau directement à travers leurs tissus (feuilles et « tige »).


Hylocomies brillantes : Jessica Bayard, D0
Sphaignes : Jessica Bayard, D0


Les bryophytes ne changent pas considérablement au courant de l’année, mais lorsque vient leur phase de reproduction sexuée, ils produisent un sporophyte. Habituellement, le sporophyte a l’aspect d’une longue soie portant une capsule à son extrémité.



Mousses portant leur sporophyte
Mousses portant leur sporophyte : Jessica Bayard D0

Puisqu’ils sont dépourvus d’un véritable réseau racinaire, les bryophytes peuvent pousser sur divers substrats : terre, bois mort, arbres, champignons, pierres, verre, etc. Il est donc possible d’observer des mousses même en hiver si leur substrat n’est pas enseveli sous la neige. On peut donc aisément trouver ces plantes primitives sur les troncs d’arbres et les parois rocheuses pendant la saison hivernale.


Mousses sur arbre : Jessica Bayard, D0
Mousses sur bois mort : Jessica Bayard, D0
Mousses sur pierres : Jessica Bayard, D0
Mousses sur champignon : Jessica Bayard, D0


Les bryophytes partagent souvent leur substrat avec les lichens. Toutefois, puisque ces derniers ne sont pas des végétaux, mais bien l’association d’un champignon et d’une algue verte (et même possiblement d’une levure), ils ne seront pas plus abordés ici. Ils feront éventuellement l’objet d’une autre chronique du blog NATURE.



Lichen pulmonaire
Lichen pulmonaire : Caspar S., CC BY 2.0

Flavopalmeria caperata et Parmelia saxalitis
Flavopalmeria caperata et Parmelia saxalitis : Paul Morris, CC BY-SA 2.0

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